« Cette baleine sans cancer »

Commentaire. Les Baleines boréales. Ces baleines peuvent vivre 230 ans, et ne font jamais de cancer. Evidement les chercheurs retournent dans la sempiternelle piste machine à gaz de la génétique.

N’est-ce pas plutôt leur vie en harmonie qui crée la longue vie ?

 

 

L’ARTICLE :

Le Journal du Dimanche se penche sur la baleine boréale, qui « ne tombe jamais malade. Le cancer n’existe pas chez cet énorme mammifère, même à un âge avancé. Un espoir pour l’homme ? Il faut d’abord comprendre le fonctionnement de ces mécanismes de protection », relève le journal.

L’hebdomadaire s’interroge ainsi : « La baleine boréale pourrait- elle un jour sauver l’homme, ce même homme qui l’a menacée d’extinction à force de la chasser ? Si cette baleine – dont il ne subsisterait que 10.000 individus sur la planète – intéresse les scientifiques, ce n’est pas pour sa proximité morphologique. […] En revanche, la baleine boréale détient un record de longévité : les plus âgées peuvent vivre jusqu’à 230 ans ! […] Alors que leur organisme abrite mille fois plus de cellules que le nôtre, les baleines boréales ne tombent jamais malades ».

Jean-Louis Hartenberger, paléontologue et ancien directeur de recherches au CNRS à l’Institut des sciences de l’évolution de l’université de Montpellier 2, remarque qu’« elles ne connaissent pas le cancer, ni les autres pathologies liées au vieillissement cellulaire ».

Le Journal du Dimanche relève que « pour percer leur secret de jouvence, une équipe internationale de chercheurs anglais, américains, danois et coréens, coordonnée par João Pedro de Magalhães et le groupe Integrative Genomics of Ageing, à Liverpool, a décidé de s’atteler au séquençage de leur génome ».

« Leur espoir est de parvenir à identifier les mécanismes de protection et les adaptations moléculaires permettant cette longévité en bonne santé. À partir de prélèvements sur différentes baleines, l’équipe a décrypté leur code génétique et retracé leur évolution en le comparant avec celui d’espèces voisines (les baleines de Minke et les orques) ou plus éloignées, dont l’homme. Les premiers résultats, publiés en 2015 par l’équipe du chercheur Michael Keane dans Cell Reports, sont étonnants », observe le journal.

Jean-Louis Hartenberger indique ainsi que « certains gènes que l’on sait impliqués dans la résistance au cancer, dans la réparation de l’ADN et dans les mécanismes de vieillissement des cellules présenteraient des mutations chez cette baleine, qui n’existent ni chez l’homme, ni chez la vache, ni chez le rat ».

Le Journal du Dimanche note que « les chercheurs émettent l’hypothèse qu’il existerait des mécanismes antitumoraux spécifiques empêchant les cellules de la baleine, pourtant très nombreuses, de développer un cancer. Ces mutations seraient impliquées dans la régulation thermique, dans la perception sensorielle ou dans la réponse immunitaire ».

Jean-Louis Hartenberger souligne que « ce type de travaux laisse espérer que l’on pourrait un jour prendre exemple sur les mécanismes observés pour les transposer à l’homme, mais ce n’est pas pour demain. Ces chercheurs ont mis le doigt sur l’interrupteur, reste à le démonter pour comprendre comment cela fonctionne ».

Le paléontologue ajoute : « Peut-être leur longévité a-t-elle aussi un lien avec un type d’adaptation au milieu marin, plus favorable et moins pénible que le milieu terrestre ». Il évoque aussi leur fonctionnement cérébral : « Les baleines ne dorment que d’un œil ! Leur cerveau est très gourmand en énergie, elles doivent récupérer. Mais dormir dans un milieu marin nécessite une grande vigilance. D’où cette stratégie apparue chez les baleines, dont les cerveaux gauche et droit sont indépendants. Pendant que l’un dort, l’autre est en éveil ».

 

 

Date de publication : 5 Septembre 2016

 

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 130