Certaines psychoses puerpérales pourraient être des encéphalites auto-immunes

Commentaire. Certaines psychoses puerpérales pourraient être des encéphalites auto-immunes.

Nous sommes là au même point de réflexion que pour l’autisme. Il nous faut revoir toutes nos conceptions.

De nombreuses maladies psychiatriques ou assimilées sont en fait des maladies infectieuses ou très organiques. Nous découvrirons sûrement un jour que les maladies dites psychiatriques sont très organiques comme les maladies dites organiques ont de fortes parts psychologiques. En fait n’y a qu’un seul type de maladies. Elle sont à la fois dans le corps et l’esprit.

 

L’ARTICLE :

Des modifications immunologiques significatives ont été observées chez des femmes souffrant d’une psychose se déclarant pour la première fois lors du post-partum. Selon des études récentes, certaines de ces patientes (atteintes de sévères troubles psychiatriques, apparus initialement après un accouchement) pourraient souffrir en fait d’une encéphalite auto-immune non diagnostiquée.

Cette hypothèse a été testée par une équipe du Département de Psychiatrie du Centre Médical Erasmus de Rotterdam (Pays-Bas). À cet effet, pour rechercher notamment des auto-anticorps dirigés contre le système nerveux central, les auteurs ont réalisé des analyses immuno-histo-chimiques chez 96 patientes affectées d’une psychose puerpérale, comparativement à 64 femmes venant d’accoucher sans séquelle psychiatrique. Les analyses ont comporté l’utilisation de neurones d’hippocampe vivants et des tests cellulaires ciblant tous les antigènes actuellement connus du  système nerveux central, en particulier pour mettre en évidence des auto-anticorps dirigés contre le récepteur N-méthyl-D-aspartate (récepteur NMDA)[1].

Ces analyses ont révélé la présence de tels auto-anticorps chez 4 des 96 patientes (4,2 %). Chez la patiente avec auto-anticorps anti-NMDA-r (associés fréquemment à un tératome de l’ovaire), aucun tératome ovarien n’a été mis en évidence. Les patientes ayant des auto-anticorps anti-NMDA-r ont présenté des symptômes extrapyramidaux à l’instauration du traitement antipsychotique. Certes, il peut s’agir là d’un classique effet indésirable des neuroleptiques, mais on sait que des mouvements anormaux, comme des dyskinésies bucco-linguo-faciales, font aussi partie intégrante du tableau des encéphalites limbiques auto-immunes avec anticorps anti-récepteur NMDA[2].

En cas de psychose post-puerpérale, les auteurs insistent donc sur l’intérêt de « rechercher systématiquement des  autoanticorps anti-récepteur NMDA », surtout devant un contexte neurologique (dyskinésies, troubles de la vigilance, dysautonomie…) laissant suspecter une possible encéphalite. Et, de façon plus large, cette étude vient opportunément rappeler que notre vision de la psychiatrie ne doit pas enfermer cette spécialité dans une quelconque tour d’ivoire, mais qu’une collaboration multidisciplinaire peut s’imposer au contraire avec d’autres secteurs de la médecine. Neurologie, bien sûr, mais aussi plus éloignés a priori : gynécologie, immunologie…

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9cepteur_NMDA

[2] http://www.jnlf.fr/data/ModuleProgramme/PageSite/2011-1/Resume/7873.asp

 

Dr Alain Cohen

Référence

Bergink V et coll.: Autoimmune encephalitis in postpartum psychosis. Am J Psychiatry, 2015 ; 172: 901–908. doi: 10.1176/appi.ajp.2015.

 

http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/certaines_psychoses_puerperales_pourraient_etre_des_encephalites_auto_immunes__155582/document_actu_med.phtml

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 94