« Cannabis et épilepsie, l’espoir à petits pas »

Commentaire. Le cannabis serait actif dans les épilepsies. Avec dans le cas cité des effets spectaculaires. L’article note aussi que cela ne marche pas pour tout le monde.

En fait les cannabinoïdes font partie de notre physiologie cérébrale.

Si on remonte encore plus haut, l’anandamine cannabinoïde est responsable de l’implantation de l’oeuf dans la paroi de l’utérus au moment de la nidation au début de la grossesse. Le cannabis apparait comme très lié à la relation maternelle primaire. J’ai souvent évoqué ce thème.

 

L’ARTICLE :

Soline Roy indique dans Le Figaro qu’« un essai clinique va vérifier l’efficacité d’un médicament contenant du cannabidiol contre des épilepsies très sévères ». La journaliste évoque ainsi l’Epidiolex, précisant que le médicament est « quasiment dépourvu de THC, principal responsable des effets psychoactifs du haschisch ».

Soline Roy explique que l’essai est « financé par le laboratoire britannique GW Parmaceuticals (également producteur du Sativex, premier médicament à base de cannabis autorisé en France contre la sclérose en plaques), qui teste l’efficacité du cannabidiol contre des épilepsies pharmacorésistantes ».

« Ce composé du cannabis a été popularisé en 2013 par un reportage de CNN racontant l’histoire de Charlotte Figi, dans le Colorado : de 300 crises par jour, l’enfant passe à une seule, reparle, marche, parvient même à faire du vélo… », précise la journaliste, qui relève toutefois : « Le cannabis, produit miracle ? C’est aller un peu vite. […] D’autant qu’avec l’épilepsie, rien n’est simple ».

Le Pr Stéphane Auvin, neuropédiatre à l’hôpital Robert-Debré, remarque ainsi : « Toutes les semaines, des parents me posent la question. Mais ce n’est pas parce qu’une molécule a eu un effet sur un patient qu’elle marchera chez tout le monde… ».

De son côté, Christophe Bernard, neurobiologiste à l’Inserm, souligne qu’« il n’existe pas et il n’existera probablement jamais de médicament miracle. L’épilepsie est une activité endogène du cerveau et une multitude de chemins peuvent mener à la crise. Un antiépileptique qui “bouche” l’une de ces routes ne bloquera pas les autres… ».

Soline Roy note que « plusieurs travaux plaident pour une bonne efficacité (fréquence des crises réduites d’au moins 50% chez environ la moitié des patients) avec des effets secondaires comparables à ceux d’autres antiépileptiques (somnolence, diarrhées, fatigue, baisse de l’appétit…). Mais ces études pèchent par un manque de force statistique et méthodologique ».

La journaliste aborde un « autre mystère : le mode de fonctionnement du cannabidiol. Notre cerveau produit naturellement des cannabinoïdes qui modulent l’excitabilité neuronale, mais des défauts de ce système ont été identifiés chez des patients épileptiques, explique [un] article du NEJM. Le cannabidiol fait aussi grimper la concentration sanguine de certains médicaments. […] Quant aux possibles effets à long terme, ils restent mal connus ».

Soline Roy cite le NEJM, qui relève que « l’usage du cannabis médical comme traitement de l’épilepsie pourrait prendre le même chemin que les vitamines ou les suppléments nutritionnels, pour lesquels la science (…) a été noyée sous les affirmations non vérifiées, les témoignages sensationnels, et un marketing évident ».

La journaliste conclut que « les résultats [de l’essai clinique] sont attendus avant l’été 2016. Mais quels qu’ils soient, l’industriel a pris envers Claire un engagement : si le médicament fonctionne sur sa fille et tant que le laboratoire continuera à le produire, elle en bénéficiera. Sans attendre une éventuelle autorisation de mise sur le marché ».

 

Date de publication : 11 Jan. 2016

 

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 101