Cancer du sein : « L’environnement joue un rôle à 70% »

Commentaire. Cancer du sein lié à 70% à l’environnement.

Une étude d’André Cicolella, « chimiste, toxicologue, prof à Sciences-Po et qui fut notamment à l’origine de l’interdiction du bisphénol A dans les biberons », nous dit qu’entre 1975 et 2000 la fréquence de cancer du sein a doublé.

 

 

L’ARTICLE :

L’Obs publie un dossier sur le cancer du sein, dévoilant des « révélations sur un scandale sanitaire ». Le magazine livre ainsi « la vérité sur le cancer du sein », notant que « tous pays confondus, le nombre de cancers du sein a doublé entre 1975 et 2000. […] Pour le toxicologue André Cicolella, auteur de « Cancer du sein. En finir avec l’épidémie » [à paraître aux éditions Petits Matins], les autorités des pays développés sous-estiment totalement les facteurs environnementaux (substances chimiques, pollution…) dans l’explosion de cette maladie ».

L’Obs souligne que « ce n’est pas une inquiétude, mais un véritable cri d’alarme que pousse André Cicolella. […] Ce chimiste, toxicologue, prof à Sciences-Po et qui fut notamment à l’origine de l’interdiction du bisphénol A dans les biberons, déploie une batterie de statistiques qui a de quoi faire frémir : elle révèle que le cancer du sein, premier cancer chez les femmes occidentales depuis un demi-siècle, est dû, dans des proportions importantes, à des substances toxiques présentes dans notre environnement. Et que les autorités sanitaires ne font pas grand-chose pour les combattre ».

André Cicolella déclare notamment que « l’OMS parle de « défi mondial d’ampleur épidémique » quand elle évoque les maladies chroniques, dont le cancer du sein fait partie. Et regardez les données : tous pays confondus, le nombre de cancers du sein a doublé entre 1975 et 2000. Ces chiffres proviennent de la très sérieuse étude parue dans le journal de l’Association médicale américaine ».

Le spécialiste met en avant « les substances chimiques qui se trouvent dans notre environnement : phtalates, bisphénol, parabènes, PCB, composés perfluorés… […] Le cancer du sein est une maladie multifactorielle, donc on ne sait pas encore précisément quelle est leur importance dans cette épidémie. Mais de nombreuses études montrent un lien de corrélation incontestable entre ce cancer et certaines de ces substances ».

A la question « Pourquoi les autorités sont-elles si en retard dans la prise en compte des questions de santé liées à l’environnement ? », André Cicolella répond : « Parce qu’elles vivent avec des grilles de lecture dépassées. De tout temps, les fléaux qui nous touchaient étaient infectieux. […] L’interrogation médicale traditionnelle « De quoi souffrez-vous ? » doit être complétée par une autre : « A quoi avez-vous été exposée ? » ».

Il ajoute que dans le cancer du sein, « l’environnement joue un rôle à environ 70% », ou encore évoque « une réalité trop peu étudiée. Mais oui, on sait que les professionnelles qui manipulent de nombreuses substances chimiques (coiffeuses, esthéticiennes, techniciennes de laboratoire…), qui travaillent la nuit (infirmières, policières…) sont les plus exposées ».

L’Obs note cependant que « la thèse [du toxicologue] est contestée et divise les spécialistes ».

Le magazine livre notamment la réaction de l’Institut national du cancer, qui remarque que « « le terme ‘épidémie’ est abusif » car le cancer du sein recule ces dernières années : 1,5% de femmes en moins touchées par an depuis 2005. Quant aux substances dénoncées dans l’ouvrage, l’INCa reconnaît la nocivité de quelques-unes (la pilule, les traitements hormonaux de la ménopause et le Distilbène), mais balaie le reste d’une phrase : « La pollution n’est pas, selon les études existantes, un facteur de risque d’une survenue de cancer du sein » ».

 

Date de publication : 8 Septembre 2016

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 131