Cancer du sein : bientôt des chiens dépisteurs ?

Le Point s’interroge : « Dépister le cancer du sein grâce à l’odorat de chiens spécialement dressés ? Même les scientifiques de l’Académie de médecine s’y intéressent. C’est à la demande de sa commission de cancérologie qu’Isabelle Fromantin, de l’Institut Curie, est allée présenter les résultats de la première étape de l’étude Kdog entamée en avril 2016. Et ceux-ci sont positifs ».

Le Pr Richard Villet, patron de la commission de l’Académie de médecine, réagit : « Il s’agit d’une étude extrêmement sérieuse, un très beau travail scientifique qui a suscité l’enthousiasme. Et nous espérons bien que l’année prochaine nous sera présentée une étude clinique complète validant définitivement cette hypothèse ».

Le Point explique : « À l’origine de cette initiative d’une équipe de l’Institut Curie à Paris, […] un mail lâché comme une bouteille à la mer sur le site internet de l’établissement. Jacky Experton, ancien militaire et expert cynophile, demande si des chercheurs souhaiteraient travailler avec lui sur la détection de maladies par des chiens. C’est Isabelle Fromantin, infirmière spécialiste des plaies mais aussi docteur es sciences, qui prend le projet en main, après avoir fédéré une équipe de biostatisticiens, d’infirmiers, de chirurgiens ».

Le magazine indique que « c’est à [Jacky Experton] et à deux bergers malinois, Thor et Nykios, qu’incombe la première étape du projet, entièrement financée, pour un montant de 100.000 , par un appel au crowdfunding ».

Le Pr Villet observe que « c’est l’autre aspect très fort du projet. Cet appel à un financement participatif est plutôt rare dans le domaine de la recherche ».

Le Point évoque le « premier test, qui a duré 5 mois, dresser les deux chiens hébergés dans une ancienne caserne à Magnac-Laval (Haute-Vienne) en leur présentant des échantillons de compresses contenant des extraits de tumeurs prélevés sur des patientes ou des compresses de patientes saines ou malades ne comprenant que de la sueur, avec un système de récompense quand ils reconnaissaient les composés volatils odorants (COVs) du cancer ».

L’hebdomadaire explique que « ce sont les résultats de la phase de mémorisation de cette étude préliminaire – ou phase de concept – qui viennent d’être présentés : 100% de réussite pour les deux malinois. Un succès identique à celui des autres disciplines dans lesquelles les chiens sont utilisés – détection d’explosifs, recherche de corps lors de catastrophes – qui va permettre à l’équipe de passer à l’autre étape, une étude clinique concernant 1000 patientes ».

« Il leur suffira de porter une compresse une nuit sur leur sein, celle-ci étant envoyée au centre où elles seront présentées pour diagnostic aux chiens dressés », précise l’article.

Le Pr Olivier Cussenot, chef du service d’urologie de l’hôpital Tenon à Paris, remarque pour sa part qu’« a priori, cela peut s’appliquer à tous [cancers]. Un faisceau d’arguments permet de penser que les marqueurs volatils odorants liés au métabolisme des cellules du cancer peuvent être identifiés par les chiens, dont les milliers de récepteurs olfactifs sont très performants ».

Le Point explique que le spécialiste « travaille sur les différentes tentatives de création de nez électroniques, machines sophistiquées susceptibles d’effectuer des diagnostics de cancer à partir d’odeurs (haleine, urine) ». Le Pr Cussenot indique cependant que « les nez électroniques restent encore en dessous des performances des chiens auxquelles nous nous comparons pour avancer ».

« Reste que le diagnostic par des chiens lui paraît difficile à standardiser », poursuit le magazine, le chercheur indiquant qu’« ils vieillissent, ils se fatiguent, n’ont pas les mêmes performances, mais cela demeure une recherche très intéressante ».

Isabelle Fromantin souligne quant à elle qu’« utiliser le chien reste une méthode peu onéreuse qui pourrait être utilisée dans les pays ne disposant pas de nos infrastructures sanitaires. Cela permettrait de détecter des cancers du sein précoces qui pourraient être soignés par une chirurgie peu complexe et de l’hormonothérapie ».

 

Date de publication : 27 Février 2017

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