Antidépresseurs et malformations fœtales : un nouvel épisode
Commentaire.
Antidépresseur et risque de malformation cardiaque, de nouveaux éléments.
Là encore on peut comprendre qu’agir sur une émotion maternelle peut la déplacer sur une somatisation correspondante au niveau du futur enfant. Ici les malformations cardiaques, d’un type assez précis (malformation des cloisons et de l’artère pulmonaire). L’artère pulmonaire met en lien l’être avec le système poumon qui vient parler de l’intime, intime du couple, intime transgénérationnel. Les malformations des cloisons parlent de la structuration et du cloisonnement des émotions. Une dépression parle de la même chose.
Chez un adulte une tension, une souffrance, peut perturber un organe correspondant et le rendre souffrant, malade, mais il ne peut changer sa forme qui est fixe. Chez un embryon, en cours de formation, une perturbation extérieure peut probablement s’inscrire en modifiant la forme à venir.
L’ARTICLE :
La grossesse n’est pas un rempart contre la dépression, loin de là. Selon certaines données, environ 3 % des Européennes seraient sous antidépresseur au cours de la grossesse. Cela est régulièrement à l’origine d’interrogations sur les possibles effets tératogènes des IRS (inhibiteurs sélectifs de la sérotonine) et de la venlafaxine. Les données sur le sujet sont contradictoires, certains travaux ayant alerté notamment sur de possibles anomalies cardiovasculaires chez le fœtus. D’autres au contraire ne retrouvent aucune augmentation du taux d’anomalies congénitales parmi les enfants nés de mères sous antidépresseurs.
Une nouvelle étude a été publiée récemment, réalisée à partir d’une base de données incluant les populations nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), et concernant 2,3 millions de nouveau-nés, parmi lesquels 36 772 avaient été exposés à un IRS ou à la venlafaxine au début de la grossesse.
Les résultats méritent d’être lus avec attention. Car en effet, si l’exposition à un IRS ou à la venlafaxine est associée en première analyse à une augmentation de 13 % d’anomalies fœtales sévères et de 15 % de malformations cardiaques, ce n’est plus le cas quand l’analyse se limite aux fratries (au moins 2 enfants, dont 1 exposé et 1 atteint de malformation), méthode qui permet d’éliminer les facteurs confondants liés au terrain familial ou à d’autres facteurs en relation avec le style de vie. Les sténoses pulmonaires droites ou les malformations septales, plus nombreuses en analyse globale ajustée, ne le sont plus non plus en analyse par fratries.
Les auteurs notent toutefois que, si l’analyse par fratries élimine un certain nombre de facteurs confondants, elle présente quelques limites, dont notamment le fait de restreindre la taille de la cohorte (895 familles avec au moins un enfant exposé à un IRS en début de grossesse et au moins 1 malformation) et peut être à l’origine d’un biais de sélection.
Dr Roseline Péluchon
Références
Furu K et coll. : Selective serotonin reuptake inhibitors and venlafaxine in early
pregnancy and risk of birth defects: population based cohort study and sibling design.
BMJ 2015;350:h1798.
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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 71