Antibiorésistance : les saumons chiliens dans le viseur
Commentaire. Les Saumons Chiliens bourrés d’antibiotiques. 557 tonnes consommées par an.
Avec une sorte de cercle vicieux, les saumons sont malades, donc on les soigne, mais cela développe encore plus de nouvelles bactéries et en plus cela empoisonne l’environnement. Mais nous oublions une chose, les saumons sont élevés dans des énormes cages, de quoi les rendre malades. Et nous, nous mangeons des poissons malades, en pensant nous nourrir en oméga 3 bienfaisants.
Bien sûr, cet article parle de réflexions sur la consommation d’antibiotiques plus raisonnée, mais la question n’est-elle pas plutôt sur le principe de l’élevage. Le saumon tire sa force que sa physiologie, de son voyage au travers le monde qu’il fait au cours de sa vie, pour retourner pondre là où il est né après avoir visité le globe.
Sa valeur énergétique n’est-elle pas lié à ce qu’il a vécu ?
Et n’est-il pas logique qu’il soit malade de ne pouvoir accomplir son histoire ?
L’ARTICLE :
Chili, le vendredi 5 août 2016 – Baptisé Pincoy, du nom de l’esprit masculin des mers dans la mythologie locale, le projet qui regroupe producteurs de saumons, groupes pharmaceutiques et spécialistes de la nourriture pour poissons, est une première au Chili. Dans un communiqué commun, les partenaires à l’origine du programme ont affirmé être convaincus qu’il faut désormais « prendre des mesures concrètes de collaboration pour réduire drastiquement l’usage des antibiotiques ».
Enorme consommatrice d’antibiotiques, l’industrie piscicole chilienne, et particulièrement celle du saumon qui est la deuxième au monde derrière celle de la Norvège, a récemment fait l’objet de poursuites judiciaires qui l’ont forcée à rendre publics la quantité et le type d’antibiotiques administrés aux saumons chiliens. Résultat, en 2015, 557,2 tonnes de médicaments ont été utilisées dans la production totale, de 846 163 tonnes, soit un taux d’antibiotiques de 0,066 %, selon le Service national de la pêche et de l’aquaculture (Sernapesca). Un taux deux fois plus important qu’en 2010 et 500 fois plus important que chez leurs homologues norvégiens.
Le poisson qui se mord la queue
A l’origine de cet usage intensif d’antibiotiques dans les élevages de saumons au Chili se cachent plusieurs épizooties successives qui ont fortement marqué l’esprit des producteurs autant qu’ils ont grevé leurs revenus. En 2007, le virus de l’anémie infectieuse du saumon (ISA) avait ainsi dévasté une partie de la production. Actuellement, c’est principalement pour lutter contre la bactérie Piscirickettsia salmonis, extrêmement nocive pour ce poisson élevé dans les eaux du sud pays que les antibiotiques sont administrés. En 2015, cette bactérie qui cause le Syndrome Rickettsial septicémique (SRS), a été responsable de 78,9 % de la mortalité par maladie ou usage de médicaments chez les saumons chiliens.
Bien que l’objet initial de ces traitements soit de protéger au maximum les élevages contre une surmortalité d’origine bactérienne, l’usage en quantité irraisonnée d’antibiotiques finit par avoir des conséquences délétères. Les traitements finissent par se diffuser dans l’environnement et risquent de contaminer la communauté bactérienne autour des élevages et de créer ainsi une résistance aux antibiotiques. L’autre danger est de voir surgir de nouvelles bactéries, insensibles aux antibiotiques, capables de provoquer des maladies incurables. L’idée du projet Pincoy est donc de se tourner vers une perspective globale incluant des aspects de prévention, mais aussi les facteurs génétiques et les aliments capables de renforcer la santé des poissons.
Benoît Thelliez
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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 128