Allaités longtemps, seront-ils plus riches ?
Commentaire
Bien sûr, nous savons tous que l’allaitement est pour le nouveau-né la meilleure des choses ; voici une étude qui va encore plus nous en convaincre.
Reste à savoir pourquoi l’allaitement a une action sur l’intelligence et le niveau social.
Une qualité d’acide gras meilleure est évoquée dans l’étude, certes, mais essayons de voir autre chose.
Une meilleure flore intestinale est offerte par un allaitement prolongé. Nous connaissons aujourd’hui le rôle fondateur de cette flore cadeau de l’allaitement.
Mais pensons aussi au rôle de l’attention maternelle, au rôle très narcissisant d’une mère qui donne d’elle-même à ce point.
L’ARTICLE :
Les effets de l’allaitement sur le cerveau de l’enfant font l’objet de nombreux travaux et plusieurs études aujourd’hui suggèrent qu’il pourrait avoir un effet positif sur les performances intellectuelles de l’enfant. Si l’impact sur le quotient intellectuel (QI) des enfants est l’élément le plus souvent mesuré, les conséquences àplus long terme sur la réussite sociale et professionnelle des jeunes adultes qu’ils sont devenus sont rarement explorées. C’est justement l’objet d’une étude menée par des chercheurs brésiliens de l’Universitéde Pelotas. Ces derniers ont examinéla question en analysant les données d’une large cohorte de nourrissons, constituée en 1982. Les informations concernant l’allaitement ont étéenregistrées lorsque les enfants avaient 19 mois. Trente ans après, les participants ont étéinvités àréaliser un test de QI mais aussi àrépondre àdiverses questions en rapport avec leur niveau d’études et leur revenu actuel. Les données de 3 493 sujets ont pu ainsi être récupérées. Divers facteurs pouvant biaiser les résultats comme le niveau de revenu de la famille du participant, le niveau d’éducation de la mère, son âge ou encore son indice de masse corporelle ont étépris en compte dans les analyses.
La durée de l’allaitement et son caractère exclusif sur les 4 premiers mois apparaissent positivement associés au QI des adultes, àleur niveau d’instruction et àleur revenu. Plus précisément, ceux allaités pendant au moins 12 mois obtiennent des scores de QI plus élevés de 3,76 points en moyenne. Ils ont fait près d’une année d’étude de plus (0,91 année) et leurs revenus sont supérieurs de 341 reals brésiliens par rapport àceux nourris au sein pendant moins d’un mois. Des associations dose-réponse sont même observées entre la durée de l’allaitement et le QI ou le niveau d’instruction. Toutefois, l’ajustement des données sur les revenus de la famille au moment de la naissance du participant révèle qu’ils ont eux aussi une influence sur son QI. Celui-ci est supérieur de 10 à15 points chez les participants nés dans les familles les plus aisées par rapport àceux nés dans les familles les plus modestes. Et quelle que soit la durée de l’allaitement ! Un facteur qui donc semble bien plus puissant que l’allaitement seul. De fait, si l’on considère uniquement les familles aux revenus élevés, l’écart de QI entre les participants allaités moins d’un mois et ceux plus d’un an est seulement de 5 points.
Les auteurs de l’étude supposent que la composition du lait maternel est impliquée dans ce phénomène, notamment sa richesse en acides gras saturés àlongues chaines, indispensables au développement cérébral du nourrisson. Enfin, l’analyse des données suggère aussi que le QI est responsable àhauteur de 72 % de l’effet de l’allaitement sur le niveau de revenu du participant.
Indépendamment de l’effet sur le QI, l’allaitement a montréde nombreux bienfaits chez l’enfant (prévention des allergies et des infections, réduction des complications et de la mortalité…) dont il serait dommage de le priver.
Cyrille Costa
Article rédigédans le cadre de la rubrique nutrition, soutenue par Lesieur. Le choix des sujets et la ligne éditoriale sont sous l’entière responsabilitédu JIM.
Références Victora CG et coll. : Association between breastfeeding and intelligence, educational attainment, and income at 30 years of age:a prospective birth cohort study from Brazil. Lancet Global Health, 2015; 3:e199-205. doi: 10.1016/S2214-109X(15)70002-1.
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