Abus d’antibiotiques : et les pires pays sont…

 

L’ARTICLE :

De plus en plus d’antibiotiques sont utilisés et ils font de moins en moins d’effet. Un rapport s’alarme de l’usage massif de ces médicaments à travers le monde.

A l’échelle du globe, la consommation d’antibiotiques a grimpé de 30% entre 2000 et 2010. ©Nature / Sara Reardon

 

RAPPORT. Sur le front de la lutte antibactérienne, la France est un très mauvais élève. C’est l’un des enseignements du dernier rapport du CDDEP (Center for Disease Dynamics, Economics and Policy), ONG américaine basée à Washington. Synthétisant des données générales de la littérature scientifique ainsi que d’autres plus régionales, l’étude dessine pour la première fois un tableau mondial, pays par pays, de la consommation d’antibiotiques. Elle confirme que plus on s’en sert, moins ces médicaments sont efficaces parce qu’ils favorisent l’apparition de résistances chez les bactéries.

A l’échelle du globe, la consommation d’antibiotiques a grimpé de 30% entre 2000 et 2010. Avec de grandes disparités d’un pays à l’autre. Bonnets d’âne de la surconsommation, l’Afrique du Sud et l’Inde. Ainsi, dans ce dernier pays, les infections causées par des souches de Klebsiella pneumoniae devenues résistantes à une classe très puissante d’antibiotiques, les carbapénèmes ont quasiment doublé en l’espace de 6 ans, passant de 29% en 2008 à 57% en 2014. Soit six fois plus qu’en Europe ou aux Etats-Unis, où l’usage des carbapénèmes, considérées comme solution de dernier recours, est pour l’instant resté limité et sous contrôle. Autre exemple d’antibiotique devenu inopérant au Nigeria à force de surconsommation : la méticilline. Autrefois arme redoutable contre le terrible staphylocoque doré, elle est devenue inefficace dans 88% des infections.

Des résultats tangibles en Grande-Bretagne

Toutefois, certains pays ont pris les bactéries par les cornes, avec des résultats tangibles. La Grande-Bretagne, par exemple, fait figure de bon élève dans la lutte contre le staphylocoque doré. Huit ans après la mise en place de régulations strictes sur l’usage de la méticilline, le nombre de bactéries résistantes a énormément chuté. Aussi, le rapport du CDDEP ne se contente pas de dresser un simple constat mais propose plusieurs solutions permettant aux pays confrontés à des problèmes de résistance bactérienne, d’y faire face. Pour éviter le retour à un monde où le moindre acte de chirurgie est impossible et où la plus banale infection bactérienne vous plonge un pied dans la tombe.

http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150923.OBS6381/antibiotiques-la-france-est-un-tres-mauvais-eleve.html

 

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 121