23 secondes, le temps de parole d’un patient en France, vrai ou faux ?

Commentaire. 23 secondes, c’est le temps qu’a en France un patient pour expliquer à son médecin généraliste le motif de sa consultation. Pas facile de soigner correctement dans ces conditions, pas étonnant non plus que les patients ne se sentent pas écoutés.

Cet article explique que cela est issu d’une étude américaine, mais qu’en France c’est plus long… 85 secondes, pour une consultation de 12 mn maxi.

Ce schéma de consultation ne permet de soigner qu’avec des médicaments, drogues, somnifères, antidépresseurs, etc.

Comment entrer dans une vraie relation ?

Comment avoir envie de faire ce métier ? Il n’est pas étonnant qu’après 9 ans d’études et de sacrifices, un futur médecin sur quatre décide de changer de métier.

Qui se posera un jour les bonnes questions ?

 

L’ARTICLE :

Les médecins français ne seraient pas assez à l’écoute de leurs patients. 23 secondes, c’est le temps qu’ils leur accorderaient pour exposer les motifs de consultation, avant de les interrompre pour rediriger leur parole.

Ce chiffre, pour le moins éloquent, s’est peu à peu imposé comme une vérité attachée aux praticiens français, généralement pour dénoncer leur manque d’écoute. Les Drs Anne Révah-Lévy et Laurence Verneuil le mentionnent dans un ouvrage intitulé « Docteur, écoutez ! », consacré à la relation patient-médecin. Martin Winckler y fait aussi référence dans son livre « Les Brutes en blanc », dans lequel il décrit des praticiens peu empathiques à l’égard des malades. Ce chiffre ressurgit régulièrement sur le Web et les réseaux sociaux, comme ici. Mais sans jamais mentionner clairement son origine…

Mais d’où sort-il ? Les médecins français sont-ils à ce point « avares » envers leurs patients ? Pas si sûr. Ceux qui invoquent ce temps de parole de 23 secondes font en fait référence à une étude américaine publiée en 1999, il y a dix-huit ans, et relative à des médecins… nord-américains (voir ce billet du Dr Lehmann). Elle s’appuie sur l’analyse de 300 consultations réalisées entre 1995 et 1996 par 29 médecins exerçant essentiellement en zone semi-rurale, dans le Colorado. Le temps de parole accordé aux patients avant interruption par leur praticien y est évalué à 23,1 secondes en moyenne. Ceux qui ne sont pas interrompus poursuivent leur déclaration 6 secondes de plus en moyenne.

Extrapoler ces résultats à la pratique des médecins français en 2017 est audacieux. Dans leur ouvrage, les Drs Anne Révah-Lévy et Laurence Verneuil ne citent cette étude qu’en annexe, sans la mentionner dans le corps du texte. Seuls les lecteurs les plus attentifs ne feront pas l’amalgame…

Une thèse se penche sur le temps de parole des patients français

Les médecins français font-ils mieux que leurs homologues américains ? Les études récentes mentionnant le temps de parole des patients en France ne sont pas nombreuses.

Le Dr Hélène Stéphan s’est pourtant penchée sur la question au cours de sa thèse en médecine générale, qu’elle a soutenue en 2012. Dans ces travaux, elle révèle que le temps de parole des patients, c’est-à-dire le temps dont ils disposent pour expliciter le (ou les) motif(s) de leur consultation, est en moyenne de 85 secondes, soit environ 11 % de la durée de la consultation. Ce délai varie plus ou moins selon le médecin, l’âge et le sexe du patient et le nombre de motifs de consultations.

Pour une question de moyen, l’auteure a restreint son étude à 5 médecins et a retranscrit 47 consultations seulement. Difficile par ailleurs de déterminer dans quelle mesure le temps de parole affecte la qualité des soins. Les patients les plus bavards sont-ils les mieux soignés ?

Stéphane Long

http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2017/04/15/23-secondes-le-temps-de-parole-dun-patient-en-france-vrai-ou-faux-_846596?xtor=EPR-4-%5BNL_weekend%5D-20170415#utm_source=qdm&utm_medium=newsletter&utm_term=&utm_content=20170415&utm_campaign=NL_weekend

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 162